LE MUSICIEN FÉDÉRÉ
LE MUSICIEN FÉDÉRÉ NE SOUS L'IMPULSION D'ALFRED RICHART
Non dépourvu d'une expérience journalistique puisqu'ancien collaborateur et rédacteur assidu à l'Echo du Nord pour qui il écrivait sous pseudonyme le "Bulletin Orphéonique" et la "Correspondance Orphéonique", Alfred Richart, fondateur et président emblématique de la Fédération Régionale des Sociétés Musicales du Nord / Pas-de-Calais propose en 1920 la création d'un organe de presse visant à devenir l'intermédiaire entre la Fédération et les musiciens fédérés, d'où son nom.
Dès l'année suivante la publication du premier Musicien Fédéré est lancée, et ce, pour une publication mensuelle (tous les 15 du mois) avant qu'elle ne devienne bimestrielle à partir de 1937. Ce tout premier numéro accueillit d'ailleurs un article à propos de la convention passée entre la Fédération et la SACEM. Le secrétaire de la Fédération, Fanyau, abordera le sujet de la création du journal quelques mois plus tard en des termes élogieux : "Vous avez salué la naissance de notre organe Le Musicien Fédéré, dont vous avez voté la création il y a un an, et qui se fait en dehors de toute idée politique, le défenseur de nos intérêts communs. Votre journal vivra car il a pour principe de s'abstenir de toute polémique dissolvante, et, se bornant à soutenir la cause de l'art musical seul, il n'aura pour guide que la justice et la vérité ".
Alfred Richart était également réputé pour la rédaction de ses éditos au style enflammé qui défendaient les pratiques musicales populaires, mais aussi la nécessité d'une diffusion à plus large échelle de la musique (campagnes, écoles), notamment en n'hésitant pas à interpeller les politiques afin d'obtenir une réduction sur les chemins de fer. Président du Comité de l'Oeuvre de la Reconstitution des Musiques françaises sinistrées, il va proposer une série d'articles de fond d'une part à la question des dommages de guerre, et, d'autre part, à une enquête sur les pertes matérielles subies par les sociétés musicales.
Reconnu pour son aura, il a su s'entourer de personnalités musicales et politiques éminentes dont l'inspecteur de la Musique, Alfred Bruneau (ami intime d'Emile Zola) venu par quatre reprises dans la Région entre 1920 et 1931.
Après trois mois de publication, Alfred Richart se félicite de l'accueil rencontrée par le journal et note que « plusieurs membres promettent leur collaboration régulière et émettent le vœu que chaque société se fasse un devoir de récolter au moins quatre abonnements nouveaux » (amis musiciens,...).
15 ans après sa création, les recettes du Musicien Fédéré sont de 15 245 francs, impliquant qu'à 5 francs l'abonnement, on peut estimer que le tirage devait être d'environ 3 000 exemplaires, ce qui n'est pas si loin du chiffre de (2006-2007) qui est de 3 700 exemplaires.
ÉVOLUTION DE LA FORME ET DU CONTENU
Au fil des siècles, le Musicien Fédéré a su évoluer au gré des modes journalistiques, se pliant aux désirs et aux habitudes de ses lecteurs sans avoir à se démoder.
LE FORMAT
Ainsi, s'il était publié sous un format A3 de 8 pages au cours des années 30, il est devenu une revue autour de 1982 en passant au format A4. Les années 80 sont d'ailleurs synonyme de changements pour le Musicien Fédéré, qui, sous l'impulsion de son rédacteur en chef de l'époque, Florent Lemire (compositeur de la Marche de la Fédération) va s'étoffer, passant de 8 à 12 pages. Cependant, puisque rien ne dure, le Musicien Fédéré retrouvera le format journal à la fin des années 80 avant de retrouver son format actuel dans les premières années du troisième millénaire. La couleur apparaîtra quant à elle seulement au milieu des années 90,
LE CONTENU
Dès le départ, les pages intérieures vont laisser libre expression aux œuvres de fiction. Ainsi, le boxeur Georges Carpentier va y publier en feuilleton une scène militaire intitulée " Candidat à la musique ". L'année suivante (1922), le directeur de l'école de Musique de Calais, Emile Camys va proposer un feuilleton mémorable : " Histoire triste et véridique d'un pauvre violon ", qui va être suivi en 1924 de " Mémoires d'un bidet de bois mélomane ". L'actualité des sociétés musicales ne sera évidemment pas oubliée puisqu'elle occupe entièrement la troisième page, la dernière étant réservé aux annonceurs désireux de publier leurs réclames tout en soutenant le journal.
Au cours du cinquième numéro apparaît un encadré central intitulé " Ce qu'il faut faire " afin de rappeler aux sociétaires les échéances à venir (participation aux œuvres sociales,...). Annonces et comptes-rendus des congrès, fêtes fédérales annuelles et présences de personnalités tels que Léon Bérard, Ministre de l'Instruction Publique et du Maréchal Pétain au XIIe Congrès de Boulogne-sur-Mer, mais aussi la présence des compositeurs Gustave Charpentier venu diriger son Couronnement de la Muse au XXIIe Congrès de Somain, et d'Albert Roussel lors du XXVIIe Congrès de Lille s'y trouvent également.
L'année 1923 marque un tournant dans le contenu du journal puisqu'elle va voir l'apparition de biographies de compositeurs et musiciens tels que Edouard Lalo ou Adolphe Sax ainsi que des portraits de musiciens professionnels issus de la Région. À partir du n°25, le docteur Guyot publie quant à lui une série de causeries médicales autour de thèmes divers (nerfs des musiciens, le cerveau de Wagner, la musique thérapeutique, la musique au berceau) qui seront réutilisés au cours des années 30 en raison d'un manque cruel d'articles de fond. Ces dernières innoverons tout de même en proposant des notices sur des œuvres classiques du répertoire des harmonies ainsi que des notices donnant quelques conseils d'interprétation bien utiles aux chefs d'orchestres amateurs. Ainsi, jusqu'à la guerre, la revue reste le reflet vivant de la musique régionale et de l'histoire, petites et grandes de nos harmonies.
Et si l'humour qui était au cœur des premières publications à l'image des chroniques ch'ti d'Auguste Labbe, dit César Latulupe, a été mis de côté au fil des ans, Florent Lemire va le remettre au goût du jour en réintroduisant les blagues ch'ti ainsi qu'en proposant des dessins humoristiques. Il y introduira également des mots croisés.
LE COMITE DE REDACTION :
Le Comité de rédaction est constitué de : Patrick Robitaille (directeur de publication), Philippe Fournier (Gérant), Laurent Mercier (Co-Gérant), Jean Pepek (Rédacteur en chef), Jean-Marie Hennequin, Chantal Bécue et Joël Bourdon.
PUBLICATION :
L'édition du journal a été confiée à la FRSM HDF Diffusion / SARL qui a décidé de s'entourer de Cré@Repro en ce qui concerne la composition, le montage et le routage, ainsi que de Presse Flamande (Hazebrouck) pour l'impression.